La quête du jade

La quête du jade

La quête du Jade
Il y a deux semaines de cela, nous avons retracé avec mon ami Giovanni (@bois.pierre.et.os) , les chemins de nos ancêtres néolithique à la recherche de cette roche tant convoitée : la jadéite du mont Viso.
Durant quatre jours, nous avons arpenté les cols et les vallées du piedmont dans les Alpes italiennes pour retrouver les carrières d’extraction de roches vertes de type jadéitite datant du Ve millénaire av. J.-C.
C’est entre 1700 et 2400 mètres d’altitude que l’on découvre les sites, des abris sous roche où des générations de tailleurs de pierre se sont succédé pour extraire et façonner différents types de roches comme la jadéite mais également des éclogites, omphacitites, serpentinites, et des néphrites.
Les conditions en montagne à cette saison étant particulièrement froides et humides (premières neiges et gelée matinale, brouillard permanent), nous avons été assez restreints dans nos déplacements mais nous avons pu collecter de beaux échantillons qui seront valorisés plus tard sous forme de haches.
Ce fut également l’occasion de tester notre équipement néolithique. Les chaussures ont été durement éprouvées avec l’humidité constante. Les vêtements de fourrure ont été très appréciés surtout pendant les gelées nocturnes et le brouillard. Dans l’ensemble ce fut une belle expérience, riche en apprentissages.
Nous prévoyons déjà une prochaine excursion en été pour profiter au mieux des bonnes conditions afin de collecter de nouveaux blocs.
Du cuir rouge à la préhistoire?

Du cuir rouge à la préhistoire?

Ma dernière expérimentation portait sur le tannage au gras (cervelle) avec incorporation de pigment naturel (ocre à base d’hématite) en vue de teindre le cuir.

Les utilisations de l’ocre par les hommes du Paléolithique sont nombreuses et variées depuis près de 250 000 ans.

L’ocre est une roche ferrique composée d’argile colorée par un hydroxyde de fer: l’hématite pour l’ocre rouge, la limonite  pour la brune et goethite pour la jaune.
Outre l’utilisation de l’ocre dans les grottes ornées, son emploi aurait également permis de colorer et protéger les cuirs et fourrures de vêtements des hommes et des femmes de la préhistoire.
Les oxydes de fer n’ont cependant aucune action chimique assimilable à celle d’un tannin sur la peau car ils ne sont pas solubles dans l’eau, ce qui fait qu’ils ne peuvent pas imprégner le derme, s’y fixer et induire le réarrangement des fibres de collagène. De ce fait, le fer, à l’état d’oxydes, ne permet pas de conserver durablement la peau.
Un grand nombre de sépultures ocrées ont été découvertes en Eurasie, de l’extrémité ouest en Espagne jusqu’à la Russie à Sungir. Même si la plupart sont datées du Gravettien, leur diversité géographique et chronologique montre une pratique culturelle récurrente.
Les vêtements en cuir couverts d’ocre en se décomposant, auraient recouvert les squelettes.
On suppose également que l’ocre était utilisé à des fins rituels.

Un exemple plus récent, en Amérique du Nord, Les Béothuks étaient les habitants autochtones de l’actuelle région de Terre-Neuve  au Canada.

Pour se protéger des moustiques, les béothuks enduisaient leur corps et leur chevelure d’ocre rouge pilé mélangé avec de l’huile ou de la graisse. Leurs vêtements et leurs armes étaient également couverts d’ocre rouge ce qui a amené les Européens à nommer les Béothuks, “Peaux-Rouges”.

La fabrication d’un bois de renne percé

La fabrication d’un bois de renne percé

Les bâtons percés sont des outils en bois de renne qui présentent un ou plusieurs trous, souvent décorés de motifs géométriques ou figuratifs. Ils ont été utilisés par les hommes du Paléolithique supérieur, notamment au Magdalénien, il y a environ 15 000 ans. Leur fonction exacte reste mystérieuse, mais ils pourraient avoir servi de propulseurs, de bâtons de commandement, de symboles religieux ou de marqueurs sociaux.

Pour fabriquer un bâton percé, les hommes préhistoriques devaient suivre plusieurs étapes:

– Sélectionner un bois de renne adapté, c’est-à-dire suffisamment long, épais et solide, provenant d’un animal adulte et en bonne santé. Le bois de renne était un matériau prisé, car il se renouvelait chaque année et il était associé à la force et à la virilité du renne.
– Façonner le bois de renne, en le coupant à la longueur voulue, en l’écorçant, en l’égalisant et en l’arrondissant. Il fallait aussi supprimer les ramifications inutiles, en les cassant ou en les sciant. On pouvait aussi modeler le bois de renne en le chauffant et en le courbant, pour lui donner une forme particulière.
– Percer le bois de renne, à l’aide d’un foret en pierre, en os ou en bois dur, fixé à un arc ou à un propulseur. Il fallait exercer une pression constante et régulière, en tournant le foret dans les deux sens, pour créer un trou circulaire et lisse. On pouvait percer un ou plusieurs trous, selon le type de bâton percé désiré.
– Décorer le bois de renne, en gravant ou en peignant des motifs sur sa surface, à l’aide d’outils en pierre, en os ou en bois, et de pigments naturels. Les motifs pouvaient être géométriques (traits, points, chevrons, etc.) ou figuratifs (animaux, humains, signes, etc.). Ils avaient sans doute une signification symbolique ou rituelle, liée à la fonction du bâton percé.

Ainsi, la fabrication d’un bâton percé nécessitait un savoir-faire technique et artistique, ainsi qu’une connaissance des propriétés du bois de renne. Les bâtons percés témoignent de la richesse et de la diversité de la culture matérielle et spirituelle des hommes préhistoriques.

L’archéologie expérimentale : Découvrir le passé à travers l’expérience

L’archéologie expérimentale : Découvrir le passé à travers l’expérience

L’archéologie expérimentale est une discipline fascinante qui nous permet de plonger dans le passé et de découvrir les secrets de nos ancêtres grâce à l’expérience. En recréant les techniques, les outils et les conditions de vie de différentes époques, les archéologues expérimentaux nous ouvrent une fenêtre sur le passé et nous permettent de mieux comprendre notre histoire.

Grâce à l’archéologie expérimentale, nous pouvons non seulement comprendre comment nos ancêtres ont fabriqué des objets et des structures, mais aussi comment ils ont chassé, cultivé, et même cuisiné. En reproduisant ces techniques anciennes, les archéologues expérimentaux peuvent tester des hypothèses, affiner leurs connaissances et apporter de nouvelles informations sur les pratiques et les savoir-faire du passé.

L’archéologie expérimentale ne se limite pas à la simple reproduction de gestes et de techniques anciennes. Elle permet également de mieux comprendre les conditions de vie de nos ancêtres. En recréant des habitats, des outils et des vêtements de différentes époques, les archéologues expérimentaux peuvent étudier les contraintes environnementales auxquelles nos ancêtres étaient confrontés et mieux appréhender leur quotidien.

L’archéologie expérimentale est donc une discipline passionnante qui nous permet de découvrir le passé d’une manière unique. Grâce à l’expérience, nous pouvons replonger dans l’histoire et observer le monde à travers les yeux de nos ancêtres. Alors, prêts à embarquer pour un voyage dans le temps ?